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Dire NON à Noémie dit oui





C'était hier soir, la projection du film Noémie dit oui, qui vise à sensibiliser le grand publique sur les danger de la prostitution en France. Le problème ? Il relai une vision abolitionniste du TDS, dont l'argument principale repose sur la bonne morale.


Leurs arguments se basent sur des faux chiffres, un récit fictionnel et fantasmé des réalités des TDS et une posture de "sauveuse blanche" raciste, monogyne, transphobe...


Un "débat" entre deux collectifs partageant les mêmes valeurs abolitionnistes. Aucune personne concernée invité.


En réaction à cet évènement, certain.es d'entre nous se sont mobilisé.es pour faire entendre nos voix, et ont étés tracter des flyeurs informatifs sur nos réalités et nos revendications : la décriminalisation.


Aujourd'hui mercredi 27 septembre 2023, au cinéma l'ABC a lieu la projection du film Noémie dit oui.


Suite à ça, une rencontre avec Osez Le Féminisme et le Mouvement du Nid est organisée. Ces deux associations ont des positions abolitionnistes sur la prostitution. L’abolitionnisme c’est quoi ? Et surtout, qu’en disent les premier.es concerné.es, les travailleurs et travailleuses du sexe (TDS) ?


L’abolitionnisme c’est un courant de pensée qui vise à abolir la prostitution.


Pour les abolitionnistes, les personnes sont considérées comme des victimes qu'il faudrait sauver, la vente de services sexuels est qualifiée de "viol tarifé" et les clients sont des criminels. La France a une position abolitionniste illustrée par la loi

de 2016 : la prostitution n’est actuellement pas illégale, mais les clients sont pénalisés. Le but est, en limitant la demande, d'éradiquer à terme l’exercice de la prostitution. Il existe d’autres idées politiques autour de la prostitution : la prohibition totale

(qui criminalise les TDS), la réglementation, ou encore la dépénalisation/décriminalisation.


Les (faux) chiffres des abolitionnistes

Selon les abolitionnistes, il y aurait 30 000 à 40 000 TDS, selon le STRASS (syndicat du travail sexuel) 400 000. En réalité, il est très difficile d'estimer le nombre de personnes vendant des services sexuels en France car il s’agit d’une

activité dissimulée. A Toulouse, il est estimé la présence de 200 TDS dans la rue et 800 sur Internet. Il est indiqué par les abolitionnistes qu'environ 1 TDS sur 5 seraient mineur.es, soit 7000 si on suit la logique, or le seul chiffre trouvable est celui ci : "Le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), à partir du logiciel de rédaction de procédures de la police et de la gendarmerie, a recensé 400 mineurs victimes de proxénétisme en 2020". Bien loin des 7000, même en considérant les mineur.es non signalé.es. La rhétorique abolitionniste est basée sur une méthodologie mensongère visant à truquer les chiffres pour appuyer leurs arguments.


Les personnes concernées, y compris celleux ayant cessé ou voulant cesser d’exercer cette activité, ont des revendications qui sont très peu prises en compte par les abolitionnistes. La plupart des associations communautaires (donc avec des TDS salarié.es) militent pour la décriminalisation du travail du sexe, comme c'est le cas en Belgique actuellement. Cela signifie le retrait de toutes les lois criminelles qui interdisent et entravent la vente, l’achat et l'exercice du travail du sexe. Les TDS gagneraient à ce que l’activité soit reconnue, déstigmatisée, dépénalisée afin de bénéficier des droits du travail, d’un accès normal à un logement, compte bancaire, des papiers, ne pas

se prendre des amendes etc... et que la lutte contre le proxénétisme ne vise pas les proches/allié.es des TDS.


Pourquoi nous parlons de travailleur.ses du sexe et non de "personnes en situation de prostitution" ? Que ce soit les personnes dans la rue ou via Internet, toustes les TDS sont unanimes : vendre des services sexuels est un travail. C'est une activité qui permet d'obtenir une rémunération et ce travail nécessite des compétences (gestion des clients, réduction des risques en santé sexuelle etc.). La loi 2016 : loi abolitionniste aux conséquences dramatiques pour les TDS.

La loi de 2016 interdit l'achat de services sexuels, donc criminalise les clients des TDS (1500 euros d'amendes et 3750 en cas de récidive). La pénalisation des clients impacte les revenus des TDS : moins de clients, donc moins de travail (63 % des répondant.es ont vu leur qualité de vie se détériorer entre 2016 et 2018 et plus de 78 % ont observé une diminution de leurs revenus depuis avril 2016, cf enquête de Médecins du Monde).


Il y a donc des difficultés pour se nourrir, se loger (paiement du loyer ou de l’hôtel pour le soir), moins de dépenses allouées aux loisirs, vêtements et aller-retours dans le pays d’origine pour les personnes qui ont des proches résidant hors du territoire français.


Moins de clients signifie la mise en danger des TDS : le rapport de force est désormais à l’avantage du client (car il y a plus d’offre que de demande) lequel peut donc mettre en concurrence les TDS entre elles sur les tarifs (à la baisse), les pratiques (négociation du port du préservatif) et demander de réaliser la prestation dans un lieux plus éloigné (pour le travail en rue), loin de la police, ce qui éloigne la TDS du reste du groupe. Les TDS sont alors plus exposées à la violence : ayant moins de choix possibles, ielles sont forcées d’accepter de “mauvais clients” et sont davantage poussées à être en danger (pas le temps de négocier avant de monter en voiture afin d’éviter la police, etc).


La loi de 2016 met en place un parcours de sortie de la prostitution (PSP) pour les TDS souhaitant arrêter l'activité. Il s’agit d’un dispositif aberrant et sous utilisé. Le PSP, défini dans le volet social de la loi 2016, offre une aide en matière de logement (mais les logements sociaux sont saturés à Toulouse), une aide financière (330 euros donc inférieure au RSA), un titre de séjour, un accompagnement médical et à la recherche d'un emploi. Le PSP semble être seulement un ultime moyen pour avoir des papiers. L'entrée en PSP oblige les TDS à arrêter la prostitution, mais les 330 euros semblent insuffisants pour vivre.


Pourquoi forcer l'arrêt d'une activité qui n'est pas illégale ?

Depuis 2014, des arrêtés anti-prostitution nommés “arrêtés troubles prostitution” interdisent le travail sexuel dans certains quartiers de la ville. Suite à ces arrêtés, les TDS peuvent recevoir des contraventions de 38€. Avec la présence des ces arrêtés municipaux et la forte présence policière, induite notamment par la pénalisation des clients, l’exercice du travail du sexe est rendu difficile.


Les TDS sont exclu.es des centres-villes et relégué.es dans des périphéries, isolé.es et plus loin des institutions censées les protéger.


“Oui mais et les proxénètes ?”

Il existe des lois en France contre l'exploitation et la traite des être humains, lois qu'il faut appliquer. Ce que nous déplorons, c'est que la définition légale du proxénétisme en France est tellement large qu'elle englobe toutes les tierces parties même lorsqu'il n'y a ni bénéfices ni abus. Les proxénétismes "d'assistance" et "d'entremise" sont criminalisés, ce qui signifie que l'entraide et l'auto-organisation entre TDS est impossible, ainsi que le proxénétisme "de profit" ce qui interdit aux TDS d'offrir ou de donner de l'argent à un.e proche, mais aussi 'interdit l'embauche d'autrui (chauffeur, secrétaire, vigile).

Enfin le proxénétisme dit "hôtelier" entrave le droit aux logement pour les TDS.



Rien sur nous sans nous : laissez la parole aux personnes concernées !

Nous déplorons l'organisation de ce ciné-débat sans la présence de personnes concernées par le TDS, majeur.es ou mineur.es, ou sans la présence d'associations communautaires.




Des références d’autres films :

Les prostituées de Lyon parlent, de Carole Roussopoulos

Les films de la Grande Horizontale

Là où les putains n'existent pas, de OvidieThe Stroll, de Kristen Lovell et Zackary DruckerTangerine, de Sean BakerIndianara, de Aude Chevalier-

Beaumel et Marcelo Barbosa


Sources sur les faux chiffres des abolitionnistes TDS :


témoignages de travailleuses et travailleurs du sexe, par https://blogs.mediapart.fr/la-grande-horizontale/blog/100421/entretien-avec-

cybele-lesperance-et-manon-lilasAutres

sources : "Que penses les travailleur.euses du sexe de la loi prostitution ?" (Rapport de


Médecins du monde (avec des associations de personnes concernées) https://www.medecinsdumonde.org/app/uploads/2022/04/Rapport-prostitution-

BD_0.pdf

Un antiféminisme qui ne dit pas son nom ? L'influence du discours abolitionniste sur le quotidien des travailleur-se-s du sexe et des associations de santé communautaire" par Krystel

Odobethttps://griselidis.com/sites/default/files/lesdocs/un_antifeminisme_qui_ne_dit_pas_son_nom_article.pdf


Les positions abolitionnistes des politiques publiques françaises pénalisent les TDS : elles les précarisent et les mettent davantage en danger au lieu de les aider, malgré le discours qui en est fait. Le choix d'exercer le travail sexuel ? Dans un système capitaliste, la première question à se poser est celle du choix ou non de travailler.

Nous sommes globalement toustes obligé.es d'avoir une activité de subsistance à moins de vivre en totale autonomie. Il faut donc différencier la traite à visée d’exploitation sexuelle, et le travail du sexe. La traite à visée d'exploitation sexuelle n'est pas du travail, ni du travail du sexe, les personnes ne gagnent pas d'argent et sont contraintes.


Le travail du sexe : il s'agit d'un spectre, avec des personnes de nationalités différentes, des manières d'exercer diverses, pour des raisons diverses. Il peut s'exercer via Internet ou dans

la rue, pour des personnes avec des papiers ou non, avec un.e proxénète ou non (autonomie différentes). Mais les personnes considèrent que c'est du travail. Pour préciser, les TDS migrantes dans la rue ne sont pas toustes soumises à des réseaux internationaux mafieux, mais au contraire peuvent être au courant avant leur arrivée en France de leur future activité, activité qu'ielles qualifient de "travail".


Et la prostitution des mineur.es alors ?

Nous ne nions pas que les mineur-e-s qui vendent du sexe sont confronté-e-s à des problématiques spécifiques en matière d’accès à la santé et aux droits en raison de leur âge et des conditions d’exercice du sexe transactionnel. Iels peuvent être particulièrement exposé.e.s aux risques liés à la santé sexuelle et reproductive (IST/VIH, grossesses non désirées, etc.) ainsi qu’aux violences.


Des situations spécifiques telles qu’un placement auprès de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE), des mesures éducatives ou d’éloignement familial, des situations de fugue ou de rupture peuvent contribuer à leur isolement et à restreindre leur accès effectif à la santé et aux

droits.Il est recommandé la généralisation des méthodes de réduction des risques (RDR) auprès du public mineur.


La RDR promeut une posture de non-jugement qui permet de prendre en compte la perspective et le vécu sur l’activité des mineur.e.s qui vendent du sexe sans nier les violences et le préjudice qu’ils.elles peuvent avoir subis. Elle suppose aussi une prise en charge globale et propose la mise à disposition de matériel de RDR. Il faut prendre en compte la diversité et la complexité des parcours et des expériences des mineur.e.s qui vendent du sexe. Nous nous opposons aux approches victimisantes qui ne prennent pas en compte le contexte dans lequel ielles ont été amené.e.s à évoluer. Lorsque les mineur.e.s sont victimes de situations de contraintes et/ou d’exploitation, l’identification de ces situations ne doit pas se faire au détriment de leur écoute et de la prise en compte de leur expérience sur leur propre situation.


Soutenez les TDS de votre entourage, défendez leurs doits.

Pour nous soutenir économiquement, vous pouvez déjà faire un dons à l'association Grisélidis.


Des bisous.



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